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TOPOS: FEMME_INITIER_JEUNE_IGNORANT
OCCURRENCE: 100960 accreditee
CONTEXTE: Jacob est initié à l'amour par Mme de Fécour.
COTEXTE ET CITATION: Et là-dessus elle embrasse Mme de Ferval qui la remercie, qu'elle remercie, s'appuie sans façon sur mon bras, m'emmène, me fait monter dans son carrosse, m'y appelle tantôt monsieur, tantôt mon bel enfant, m'y parle comme si nous nous fussions connus depuis dix ans, toujours cette grosse gorge en avant, et nous arrivons chez elle. (185)
Je suis une femme sans cérémonie, surtout avec les personnes que j'aime et qui sont aimables, monsieur de la Vallée, car vous l'êtes beaucoup ; oh beaucoup ! Le premier homme pour qui j'ai eu de l'inclination vous ressemblait tout à fait ; je crois le voir et je l'aime toujours ; je le tutoyais, c'est assez ma manière, j'ai déjà pensé en user de même avec vous, et cela viendra, en serez-vous fâché ? Ne voulez-vous pas que je vous traite comme lui ? ajouta-t-elle, avec sa gorge sur qui par hasard j'avais alors les yeux fixés ; ce qui me rendit distrait et m'empêcha de lui répondre.(185-6).Jacobsume son initiation amoureuse :"Figurez-vous ce que c'est qu'un jeune rustre comme moi, qui, dans le seul espace de deux jours, est devenu le mari d'une fille riche, et l'amant de deux femmes de condition. Après cela mon changement de décoration dans mes habits, car tout y fait ; ce titre de monsieur dont je m'étais vu honoré, moi qu'on appelait Jacob dix ou douze jours auparavant, les amoureuses agaceries de ces deux dames, et surtout cet art charmant, quoique impur, que Mme de Ferval avait employé pour me séduire ; cette jambe si bien chaussée, si galante, que j'avais tant regardée...enfin l'air qu'on respire au milieu de tout cela : voyez que de choses capables de débrouiller mon esprit et mon coeur, voyez quelle école de mollesse, de volupté, de corruption, et par conséquent de sentiment ; car l'âme se raffine à mesure qu'elle se gâte. Aussi étais-je dans un tourbillon de vanité si flatteuse, je me trouvais quelque chose de si rare, je n'avais point encore goûté si délicatement le plaisir de vivre, et depuis ce jour-là je devinsconnaissable, tant j'acquis d'éducation et d'expérience. ARTFL (Ed. F. Deloffre, Paris, Garnier, 1959). p. 187
NOTES: [(Page) 185-186]
SOURCE: Marivaux (Pierre Carlet de), Paysan parvenu (Le) ou les Mémoires de M***. Garnier/Deloffre: Paris, 1969.