Satorbase


TOPOS: DENONCER_VIOL
OCCURRENCE: 102120 accreditee
CONTEXTE: La princesse qui a été la victime d'une tentative de viol veutnoncer auprès de son frère le violeur, qui est un invité et un ami. Sa suivante l'en dissuadera car elle mettrait ainsi en cause sa vertu à dénoncer le crime
COTEXTE ET CITATION: "La dame, qui estoit demorée victorieuse, sachant qu'il n'y avoit homme, en la court de son frere, qui eut osé faire une si estrange entreprinse, que celluy qui avoit eu la hardiesse de lui declairer son amour, se asseura que c'estoit son hoste. Et, quant elle eu
cherché avecq sa dame d'honneur les endroictz de la chambre pour trouver qui ce povoit estre, ce qu'il ne fut possible,<CITATION> elle luy
dist par grande collere: " asseurez- vous que ce ne peult estre nul aultre que le seigneur de ceans et que le matin je feray en sorte vers mon frere, que sa teste sera tesmoing de ma chasteté. " la dame d'honneur, la voiant ainsi courroucée, luy dist: " ma dame, je suis très aise de l'amour que vous avez de vostre honneur, pour lequel augmenter ne voulez espargner la vie d'un qui
l'a trop hazardée pour la force de l'amour qu'il vous porte. Mais bien souvent tel la cuyde croistre, qui la diminue. Parquoy je
vous supplye, ma dame, me vouloir dire la verité du faict. " CITATION> et, quant la dame luy eut compté tout au long, la dame d'honneur
luy dist: " vous m'asseurez qu'il n'a eu aultre chose de vous que les esgratinures et coups de poing ? - - je vous asseure, dist la dame, que non et que, s'il ne trouve ung bon cirurgien, je pense que demain les marques y paroistront. --- or, puisque ainsy est, <CITATION> ma dame, dist la dame d'honneur, il me semble que vous avez plus d'occasion de louer Dieu, que de penser à vous venger de luy; car vous pouvez croire que, puis qu'il a eu leCueur si grand que d'entreprendre une telle chose, et le despit qu'il a de y avoir failly, que vous ne luy sçauriez donner mort qu'il ne luy fust plus aisée à porter. Si vous desirez estre vengée de luy, laissez faire à l'amour et à la honte, qui le sçauront mieulx tormenter que vous. Si vous le faictes pour vostre honneur, gardez- vous, ma dame, de tumber en pareil inconvenient que le sien; car, en lieu d'acquerir le plus grand plaisir qu'il ait sceu avoir, il a receu le plus extreme ennuy que gentil hommeauroit porter. Aussy, vous, ma dame, cuydant augmenter vostre honneur, le pourriez bien diminuer; et, si vous en faictes la plaincte, vous ferezavoir ce que nul ne sçaict CITATION>; car, de son costé, vous estes asseurée que jamays il n'en sera rien revelé. Et quant Monseigneur vostre frere en feroit la justice que en demandez, et que le pauvre gentil homme en vint à mourir, si courra le bruict partout qu'il aura faict de vous à sa volunté; <CITATION>et la plus part diront qu'il a esté bien difficille que ung gentil homme ayt faict une telle entreprinse, si la dame ne luy en donne grande occasion. Vous estes belle et jeune, vivant en toute compaignye bien joieusement; il n'y a nul en ceste court, qu'il ne voye la bonne chere que vous faictes au gentil homme dont vous avez soupson: qui fera juger chascun que s'il a faict ceste entreprinse, ce n'a esté sans quelque faulte de vostre costé. Et vostre
honneur, qui jusques icy vous a faict aller la teste levée, sera mis en dispute en tous les lieux là oû cette histoire sera racomptéeCITATION>."
NOTES: nouvelle 4, p 30-32 classiques garnier
SOURCE: Navarre (Marguerite de), Heptaméron. Paris: Classiques Garnier, 1950.Édition de Michel François
CHERCHEUR/E: Baider F.