COTEXTE ET CITATION: |
que la duchesse l'en ama;
Et li fist tel samblant d’amors,
Que s’il n’eüst le cuer allors,
Bien se peüst apercevoir
Au samblant que l’amast por voir.
«Dites moi que savez vous ore,
«Se je vous ia m’amor donnee
«Qui sui haute dame clamee?»
Et cil respont ismelepas:
«Ma dame, je ne le se pas,
«mes je vodroie vostre amor,
«avoir bien et par mon annor;
«mes Diex de cele amor me gart,
«ou la honte monseignior gise.
A nul fer ne anule gise,
«Ne prendroie tel mesprison
«Comme de faire traïson
«Si vilainne ne si desloial
«Vers mon droit segnior natural».
La duchesse en vint à l’aimer; elle lui donna tant de signes de cet amour que, s’il n’avait pas eu le coeur pris ailleurs, il aurait bien pu s’apercevoir que ces signes trahissaient un amour véritable.
«Dites-moi, savez-vous maintenant si je vous ai donné mon amour, moi que l’on reconnaît pour une dame de haut rang»? Et lui de répliquer aussitôt: «Madame, je ne le sais pas; mais je voudrais avoir votre amour pourvu que le bien et mon honneur soient saufs; mais Dieu me garde d’un amour qui nous entraîne, vous ou moi, à déshonorer monseigneur. A aucun prix, d’aucune façon, je ne commettrais un tel forfait, que de trahir de façon si vile et si perfide, celui qui est en fait et en droit mon seigneur».
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