Satorbase


TOPOS: JALOUSIE_CAUSER_VIOLENCE
OCCURRENCE: 305952 accreditee
CONTEXTE: La tirade du mari jaloux, particulièrement irrité par les relations de sa femme avec le jeune Robichonnet, va se poursuivre avec une virulente critique du mariage à cause des rapports de domination qui se jouent entre les époux.
COTEXTE ET CITATION: Pour ce voit on des mariages
Dont li mariz cuide estre sages :
Il chastoie sa fame et bat
Et la fait vivre en tel debat
Qu'il li dit qu'ele est nice et fole
Dont tant demeure a la karole
Et dont el hante si souvent,
Des jolis vallez le couvent,
Que bonne amours n'i puet durer,
Tant s'entrefont maus endurer
Quant cil veult la maistrise avoir
Du cors sa fame et del avoir :
"Trop estes, fait il, vilotiere,
Si ravez trop nice maniere.
Quant sui en mon labour alez
Tantost espinguez et balez
Et demenez tel rabaudie
Que ce samble estre ribaudie,
Et chantez comme une seraine.
Dieus vous mette en male semaine !
[…]Se vous jamais parlez a li,
Vous en avrez le vis pali,
Voire certes plus noirs que meure,
Car de cops, se dieus me sequeure,
Ainz que ne vous ost cest musage,
Vous donrai tant par cel visage
Qui tant est as musarz plaisanz,
Que vous tendroiz coie et taisanz !
Ne jamais hors sans moi n'irez,
Mais a l'hostel me servirez,
En bons haniaus rivée.

C'est pourquoi l'on voit des mariages où le mari s'imagine être sage, en corrigeant sa femme et en la battant ; il la fait vivre dans la dispute, lui disant qu'elle est niaise et folle de rester si longtemps à la carole et de hanter si souvent la compagnie des beaux garçons ; dans ces conditions, un amourritable ne peut durer, tant ils se font souffrir l'un l'autre, quand le mari veut avoir le pouvoir sur la personne et les biens de sa femme : 'Vous être, lui déclare-t-il, fort coureuse, et votre comportement, d'ailleurs, est bien sot. Dès que je suis parti à mon travail, vous allez danser et courir les bals, et vous menez si joyeuse vie qu'elle ressemble à de la débauche, et vous chantez comme une sirène ! Que Dieu vous donne votre mauvaise semaine ! […]Si jamais vous lui parlez encore, vous en aurez le visage livide, voire assurément plus noir que mûre, car des coups, que Dieu me protège, avant de vous faire perdre l'envie de cette vie dissolue, je vous en assénerai une telle volée sur ce visage qui plaît tant aux libertins, que vous allez vous tenir tranquille et que vous en serez muette ! Et vous ne sortirez pas d'ici sans moi, mais vous me servirez à la maison, rivée à de bons anneaux de fer.
NOTES: P. 508-511, v. 8459-8438 et 8543-8553.
SOURCE: Guillaume de Lorris et Jean de Meun, Roman de la rose. Paris: Lettres Gothiques, 1992.
CHERCHEUR/E: Jeay M.