Satorbase

PARDON_TRAHISON
PHRASE:On pardonne la trahison de l'amant.
OCCURRENCE: 104850 accreditee
CONTEXTE: Une dame ayant vent des infidélités de son mari, lui pardonne dans la mesureelle aussi pourra se conduire de la même manière.
COTEXTE ET CITATION: Ceste dame, entendant la desloyauté de son mary, fut soubdain esmeue de despit et de joye, voiant que son mary, qui faisoit tant semblant de l'aymer, luy pourchassoit secretement telle honte en sa compaignye, combien qu'elle s'estimoit plus belle et de trop meilleure grace, que celle pour laquelle il la vouloit changer. [...] Il luy feyt toutes les promesses qu'elle voulut, et confessa, voiant les belles remonstrances de sa femme, qu'il avoit tort de trouver mauvais qu'elle eut des serviteurs; car une femme belle et honneste n'est poinct moins vertueuse pour estre aymée, par ainsy qu'elle ne face ne dye chose qui soit contre son honneur; mais ung homme merite bien grande punition, qui prent la peyne de pourchasser une qui ne l'ayme poinct pour faire tort à sa femme et à sa conscience. Parquoy jamais ne l'empescheroit d'aller à la court, ny ne trouveroit maulvays qu'elle eut des serviteurs, car il sçavoit bien qu'elle parloit plus à eulx par mocquerie, que par affection. Ce propos- là ne desplaisoit pas à la dame, car il luy sembloit bien avoir gaingné ung grand poinct; si est- ce qu'elle dist tout au contraire, feingnant de prendre desplaisir d'aller à la court, veu qu'elle pensoit n'estre plus en son amityé, sans laquelle toutes compagnies luy faschoient, disant que une femme, estant bien aymée de son mary et l'aymant de son costé comme elle faisoit, portoit ung sauf conduict de parler à tout le monde et n'estre mocquée de nul. Le pauvre gentil homme meit si grande peyne à l'asseurer de l'amityé qu'il luy portoit, que enfin ilz partirent de ce lieubons amys;
NOTES: ARTFL 1050-1052
SOURCE: Navarre (Marguerite de), Heptaméron. Flammarion: Paris, 1982.
CHERCHEUR/E: Baider F., Bideaux M.
OCCURRENCE: 104840 accreditee
CONTEXTE: Monsieur Kiel, dont Mademoiselle *** avait jusquerefusé les avances, se substitue à son amant, le chevalier de ***, à la faveur d'"un heureux stratagème". La femme trahie pardonne à Monsieur Kiel à cause de ses prouesses sexuelles.
COTEXTE ET CITATION: Je m'assoupis un peu, mais les idées délicieuses dont j'étois remplie ne me permettoient pas un long sommeil. L'amour qui ne m'avoit pas quitté dans le sein même du repos, me réveilla, que le jour commençoit à peine à paroître. Mon amant dormoit encore; j'écartai un des rideaux pour le contempler; mais quel prodige! Je reculai d'effroi, en reconnoissant Keil, c'étoit lui qui m'avoit écrit sous le nom du Chevalier; c'étoit lui qui venoit de passer la nuit avec moi, & à qui j'avois prodigué les plus tendres caresses, en croyant ne le faire que pour un amant favorisé. Mon premier mouvement fut la colère & le dêpi d'avoir été trompée. J'allois éclater, lorsqu'une réflexion m'arrêta. J'étois outrée du tour qu'il m'avoit joué; mais le dirais-je? le ressouvenir de la nuit me demandoit grâce pour lui.
NOTES: P. 98-99 (édition originale 1792).
SOURCE: Villaret (Claude), Antipamela, ou mémoires de M. D***.. [édition inconnu]..
OCCURRENCE: 305976 accreditee
CONTEXTE: Au moment de mourir à la suite de son suicide provoqué par la trahison d'Énéas qui l'a quittée pour aller fonder son lignage en Lombardie, Didon lui pardonne.
COTEXTE ET CITATION: Tant fui ainçois et preus et saige
que me donnast Amor la raige,
et moult fuisse bonne eüree
se ne venist en ma contree
li Troÿens qui m’a traÿe,
por qui amor je perc la vie.
Il m’a occise a grant tort,
je li pardoins yci ma mort :
par fin acordement de pays,
ces garnemens yci en bais ;
je vous pardoins, sire Eneas.
J’étais pleine de vertu et de sagesse avant qu’Amour ne m’inspire cette rage, et j’aurais été très heureuse si n’était venu dans ma contrée ce Troyen qui m’a trahie, et dont l’amour me fait perdre la vie. Il a causé très injustement ma mort que je lui pardonne à présent : en signe de parfaiteconciliation, j’embrasse ici ces vêtements ; je vous pardonne, seigneur Énéas.
NOTES: P. 168, v. 2142-2150.
SOURCE: Anonyme, Roman d Énéas. Paris: Lettres Gothiques, 1997.
CHERCHEUR/E: Jeay M.
OCCURRENCE: 104848 accreditee
CONTEXTE: Une dame qui avait refusé les avances de Bonnivet, lui pardonne le fait qu'il s'est substitué à son amant.
COTEXTE ET CITATION: Elle, qui le congneut à la parolle et au riz, fut si desesperée d'ennuy et de honte, qu'elle l'appella plus de mille foys meschant, traistre et trompeur, se voulant gecter du lict à bas pour chercher ung cousteau, à fin de se tuer, veu qu'elle estoit si malheureuse qu'elle avoit perdu son honneur pour ung homme qu'elle n'aymoit poinct et qui, pour se venger d'elle, pourroit divulguer ceste affaire par tout le monde. Mais il la retint entre ses bras, et, par bonnes et doulces parolles, l'asseurant de l'aymer plus que celluy qui l'aymoit et de celler ce qui touchoit son honneur, si bien qu'elle n'en auroit jamais blasme. Ce que la pauvre sotte creut; et, entendant de luy l'invention qu'il avoit trouvée et la peyne qu'il avoit prinse pour la gaingner, luy jura qu'elle l'aymeroit mieulx que l'autre qui n'avoit sceu celler son secret ; et qu'elle congnoissoit bien le contraire du faulx bruict que l'on donnoit aux Françoys; car ilz estoient plus saiges, perseverans et secretz que les Italiens.
NOTES: ARTFL 809
SOURCE: Navarre (Marguerite de), Heptaméron. Flammarion: Paris, 1982.
CHERCHEUR/E: Baider F.
OCCURRENCE: 104842 accreditee
CONTEXTE: Une servantenonce à sa maîtresse les assiduités du mari de celle-ci. L'épouse se substituera à la jeune fille, s'émerveillera d'autant plus du tempérarment de son époux que celui-ci avait invité son ami Sandras à profiter du rendez-vous accordé par la servante. La femme pardonne la trahison de son mari par amour pour lui.
COTEXTE ET CITATION: 'Il [Sandras] y demoura bien plus longuement que non pas le mary; dont la femme s'esmerveilla fort car elle n'avoit poinct accoustumé
d'avoir telles nuictées: toutesfoys, elle eut patience, se reconfortant aux propos qu'elle avoit deliberé de luy tenir le lendemain,
et à la mocquerie qu'elle luy feroit recepvoir. [...] le mary s'en vat à la
maison, là oû il trouva sa femme plus belle, plus gorgiase et plus joieuse qu'elle n'avoit accoustumé, comme celle qui se
resjouyssoit d'avoir saulvé la conscience de sa chamberiere, et d'avoir experimenté jusques au bout son mary, sans rien y
perdre que le dormir d'une nuict. [...] à la premiere fois que vous y estes venu, coucher, je vous ay jugé tant amoureux d'elle qu'il n'estoit possible de plus.
Mais, après que vous fustes sailly dehors et puis encores retourné, sembloit que vous fussiez ung diable sans ordre ne mesure.
O malheureux! pensez quel aveuglement vous a prins de louer tant monCorps et mon embonpoinct, dont par si longtemps avez esté jouyssant, sans en faire grande estime ? Ce n'est doncques pas la
beaulté ne l'embonpoinct de vostre chamberiere qui vous a faict trouver ce plaisir si agreable, mais c'est le peché infame de la
villaine concupissence qui brusle vostre cueur, et vous rend tous les sens si hebestez, que par la fureur en quoy vous mectoit
l'amour de ceste chamberiere, je croy que vous eussiez prins une chevre coiffée pour une belle fille."
NOTES: [(Page & nouv.) 8e, p.44-45]
SOURCE: Navarre (Marguerite de), Heptaméron. Paris: Classiques Garnier, 1950.Édition de Michel François
CHERCHEUR/E: Bideaux M.